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Jeunes Garcons Nus Garcons Nus Jeunes



Jeune Garçon au cheval (ou Garçon menant un cheval ou Meneur de cheval nu[1]) est une peinture de jeunesse de Pablo Picasso. C'est un travail de sa période rose, peint en 1905 et 1906, à Paris.




Jeunes Garcons Nus Garcons Nus Jeunes




Je songe à l'amour. Il n'y a que l'amourqui prenne totalement notre empreinte : lesfemmes que nous avons fait un peu souffrircontre notre cœur gardent notre souvenir.Je me rappelle une actrice espagnole que songénie et sa passion rendaient illustre. Sonamant l'avait quittée ; elle se souvenait. Ah!Martin, elle était humble et basse, et toutemarquée comme une route sur laquelle unhomme a marché! Ame salubre des jeunesfemmes, elle boit nos fièvres, elle en restesaturée, ainsi de douces oranges, ayant aspiréles vapeurs des marais, mêlent ce venin ausucre innocent de leur chair.


Aussi, privé du plaisir qu'il eût eu à s'entreteniravec elle, Antoine Arnault reportaitavec amertume son attention sur le petitgroupe qui formait l'entourage de l'hommeillustre. Il y avait là des camarades de sajeunesse, âgés d'une cinquantaine d'années.Les plus sots étaient avec lui familiers, etles autres trop timides. Il y avait les écrivainsde quarante ans, plus vaniteux de leurmétier, de leur situation, de leur futile etadroit labeur que le grand homme ne l'étaitde son génie. Ceux-là parlaient de la poésie,du roman ou du théâtre, avec le ton soucieuxet l'assurance de personnes chargéesde la conduite définitive d'un genre où ellespensent exceller.


En entendant nommer Antoine Arnault,elle avait ressenti une émotion véritable.Elle se sentait, en effet, comme elle ledisait, confuse et fière. Étant extrêmementcoquette, elle se persuadait qu'un écrivainde talent portait un remarquable intérêt àla grâce des jeunes femmes, à leurs toilettes,à leurs ruses.


Oui, songeait-il, je vais te quitter encore,je vais visiter d'autres lieux, que j'aiaimés, que j'aimerai ; mais, étranger aubord des eaux douces d'Asie où passent enbarques aiguës des jeunes femmes voilées,étranger sur les douces collines de Fiesole,avec quelle ardeur ne retrouvais-je pas monpays! avec quelle impatience ne lui criais-jepas, dès avant les frontières : Viens, accours ;j'accours, ô ma terre! ton soleil m'enivre, ettes brouillards, tes buées ne me font paspeur. Tu n'es pas perfide : tes aulnes frais,tes aubépiniers aux branches étendues et leshautes mauves de tes vergers, voilà monnaturel été. Désaltère-moi, berce-moi, voiscomme les roses de Pise ont mis de brûluressur mon cœur.


Le succès des livres qu'il écrivit, qui lerendirent célèbre et cher à tous les jeunesgens haussait son exigence et le jetait dansde nouveaux mécontentements. La vue dela nature lui rendait répugnantes ses besognesélectorales. A l'ombre d'un tilleul, etdans le silence de la prairie, il méprisait lesfigures humaines, l'activité bruyante et hargneuse,les revendications du besoin populaire.


Mais il jugeait ces jeunes femmes, et, s'illeur trouvait de la délicatesse et de l'aisance,il les voyait aussi trop frêles d'âme, petitbouquet qui va se faner vite dans les pluspiètres cérémonies.


Chez cette comtesse Albi, après le dîner,lorsque le comte se retirait au fumoiravec les autres hommes, il restait auprèsdes jeunes femmes, et déjà le dégoût qu'ilavait de fumer lui semblait une infériorité,dont devaient rire, là-bas, dans l'atmosphèrelourde et brûlante, ces flâneurs d'antiquerace.


Et Antoine Arnault regardait avec unedroite audace cette Française qu'on lui avaitprise pour la mettre en Italie, chez le durseigneur ; Française éloignée de lui, il est vrai,puisqu'elle avait été une petite fille aristocratequi n'aurait point joué avec lui. Maiselle lui semblait, malgré son ignorance, sonembarras intellectuel, plus attachante queles autres jeunes bavardes, étant sans patrienaturelle, et dominée par l'étranger.


Offensé de se sentir inconnu dans l'endroitdu monde où il eût préféré régner, il regardaitpourtant avec une douce pitié s'asseoiraux petites tables, près de lui, les jeunesartistes vénitiens, qui vont vivre et vieillirlà, êtres faibles et studieux qu'écrasent labeauté de leur ville, leur chance d'être néssous un azur qu'on ne peut décrire, qui lesuse et les roule doucement, et près de l'orde Saint-Marc.


Antoine Arnault a laissé sur sa table, àpeine lues, les lettres qui, chaque matin,arrivent chez lui, lettres où sa jeune gloireest caressée par les tendres ferveurs, la déférencetimide et ravie des jeunes hommes quiont quatre et cinq ans de moins que lui, etqui l'imitent. Il méprise tout cela, rien ne luiest assez : ce chaud azur, cette paix lourde,dorée, hachée d'or, cette vibration de l'immobilele contentent bien davantage. Solitaire,il est roi du monde, et la jeune femmequ'il va rejoindre ne défait pas sa solitude ;elle est moins une âme qu'une grappe defleurs odorantes.


Il pensa aux jeunes femmes, qu'il voyaitpasser dans les barques. Il s'émut que, plusfragiles, elles eussent aussi à supporter cetteinépuisable langueur. Avec pitié il se souvintd'une délicate et pâle meurtrière auXVIIIe siècle, qui, voyant se préparer lesupplice de la question demandait faiblement : Comment ferez-vous entrer tantd'eau dans un si petit corps?


Il travaillait. Il lut. Il demeura six moiscaché. Il ramenait quelquefois, pour quelquesheures, dans son logis, de jeunes femmeschampêtres, rieuses, bienveillantes, dévêtues.Et Antoine ne prenait point d'intérêt à cesplaisirs d'où toute torture était absente. Ilrelisait Stendhal, ses larmes coulaient.


Huit années! Combien de fois, errant aumilieu des jeunes hommes, pendant les nuitsde Venise, n'avait-elle pas appelé l'amour?Combien de fois, couchée dans les barquesnoires, pendant ces voluptueuses nuits, avait-ellepleuré tendrement, les deux mains entasséessur son cœur, douce Vénus qui signalele lieu de son soupir!


Les jeunes gens qui étaient ses disciplesle visitaient, se tenaient debout près de lui,l'écoutaient. Il estimait peu leur ferveur,mais quelquefois il se plaisait dans la sociétéd'André Charmes, son favori, un jeunehomme oisif, élégant, de dédaigneuse et fineculture.


Élisabeth fuyait ces étrangers, et elles'effraya le soir où Antoine Arnault, voyants'obscurcir un orage de mai, retint André àdîner. Les jeunes gens, ainsi rapprochés, seregardaient à peine, s'évitaient, de loin causaienttimidement, tandis qu'Antoine, inquiet,s'épouvantait d'entendre Élisabethadresser la parole au jeune homme, et que,soudain, à les voir ensemble, plus jalouxqu'un père délaissé, il haïssait leur jeunesse.


Elle aimera, songe Antoine Arnault,avec ces grâces douces, cet orgueil, ces élans,ces soumissions, ces révoltes que j'ai surprisdans ses yeux ; elle aimera ainsi jusqu'aujour où c'est elle qui sera l'aînée, où c'estelle qui tiendra les mains de l'autre, elle quisera courageuse et grave, elle qui rêvera etqui donnera ; debout près du jeune hommealangui, le couvrant de sa belle ombre amoureuse,elle dira : Tu es la vie, ô monamour, tu es la jeunesse et l'azur, leparfum des vertes amandes!


Et puis aussi il riait de son inquiétudeet de son ton paternel, car lui-même n'avaitque trente-neuf ans, c'est la jeunesse encore,la force, le plaisir ; mais c'est déjà le tempscompté, les beaux jours, les belles nuitslimités, et l'attente affreuse de l'heure où ilfaudra que l'on pense : Je n'ai plus toutema royauté.


Quelquefois aussi Élisabeth éprouvait lasolitude, la grande mélancolie, l'impatiencedes jeunes êtres, qui, brusquement désintéressésdu présent, prévoient pour leurlongue vie d'autres formes de l'aventure etdu bonheur. Et d'autres fois tous deux seserraient l'un contre l'autre, mystérieusementaffligés, réunis pour goûter la brève vieet l'éternelle mort, humbles, inquiets, comme,on voit, dans la légende, le premier hommeet la première femme sous le nuage quiporte Dieu.


Il ne pouvait supporter la présence deMartin dans cette chambre de malade, doucecomme une estampe du XVIIIe siècle quandle lit, le broc de tisane, le bougeoir, et lapâleur sur l'oreiller sont plus voluptueuxqu'un bosquet de roses. Ah! comme la faiblessed'Élisabeth le rendait jaloux. Faiblessepathétique, toute proche du sanglot, et versqui se tendent les bras, le secours, le douxsadisme des hommes. Faiblesse qui ressembleà l'amour ; qui se courbe vers deromanesques lits. Les jeunes femmes mouranteset fatiguées n'appellent-elles pas verselles, des dernières forces de leur vie, tousles plus jeunes héros, et ce regard d'Élisabeth,faible et qui bouge, et qui n'a plus derésistance, n'est-il point ouvert pour toutesles volontés, pour tous les désirs deshommes? Martin même, quand il la regarde,l'émeut-il? elle semble hypnotisée. Elle nes'en va pas, elle reste, elle se penche, ellesemble plier et pleurer. Profond instinct desmalades, voix puissante de la génération!


Antoine redoutait Élisabeth. Il ne croyaitplus rien d'elle. Lorsqu'elle disait oui, ounon, pourquoi aurait-il cru que c'était cela?Les enfants mentent, les femmes mententpour éviter les reproches, et leur visage neperd pas de sa candeur : le mensonge c'estune sincérité que l'on a avec soi-même.Quand Antoine se fût trouvé sans cessesur le chemin des jeunes gens, pouvait-ilempêcher que leurs lèvres, sous ses yeuxmêmes, ne préméditassent le baiser? pouvait-ilempêcher qu'Élisabeth ne désirât lejeune homme, que par l'esprit elle ne l'absorbât,et qu'ainsi elle ne mêlât à son rêveet à son sang ce délicieux fruit humain?


Et la dernière soirée que les jeunes genspassaient ensemble parut à Antoine Arnaultsi insignifiante, qu'il s'irrita d'avoir tantsouffert par eux. Ils n'étaient pas mêmeémus, semblait-il, autant que de nouveauxfiancés qui se sont promis leur âme, etqu'un destin cruel sépare.


Imaginent-elles les doux endroits de laterre qu'elles ne connaîtront jamais? lesfutures jeunes filles qui trembleront d'espoirsous le pesant feuillage, où des insectesphosphorescents font la lumière, dans unbeau soir des Baléares? 2ff7e9595c


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